Samantha Bailly

Présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse

Publié le : 24 mai 2017

Aujourd’hui, je succède à Carole Trébor en tant que présidente de La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse.

 

Adhérente de La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse depuis 2013, je ne saurais dire à quel point cette association m’a aidée à me construire et a nourri mon parcours. À travers les informations transmises, les outils juridiques, le partage d’expériences, j’ai réellement appris le métier d’auteur. Et dans une très grande période de précarité que j’ai vécue en 2014, j’ai pu y puiser un soutien incroyable. Le genre de soutien qu’on n’oublie pas.

 

Aujourd’hui, il me paraît naturel de rendre ce que l’on m’a donné. De poursuivre cette chaîne de solidarité entre auteurs, pour être toujours plus informés et plus forts ensemble.

 

Depuis sept mois, j’aide le CA de La Charte, afin de prêter main forte sur la communication et les relations éditeurs. J’ai découvert une association vivante, diversifiée, engagée. Un Conseil d’Administration plein d’énergie, des personnes aux opinions variées, des salariés investis, des partenaires extérieurs fidèles et d’un grand soutien, ainsi qu’une présidente courageuse, qui porte ses convictions en bandoulière. De nombreuses discussions passionnantes, des points de vue affirmés, et cette capacité incroyable à réfléchir ensemble.

 

En tant qu’auteur, merci à la Charte et à tous ses membres, vraiment, pour tout ce travail d’information, de défense de nos droits, de sensibilisation. Ces dernières années, la Charte a vécu un grand tournant, avec des campagnes de communication fortes, en posant des mots sur ce qui est. J’adresse ici un merci tout particulier à Carole Trébor, qui a porté ce combat loin, avec son énergie, sa volonté de faire bouger les lignes, avec son sentiment d’injustice si légitime. Carole, bravo, car incarner publiquement tant de revendications tout en poursuivant son travail d’auteur est une charge aussi lourde qu’importante.

 

J’ai longuement hésité avant de me présenter, de peur justement que cette charge soit trop lourde. Car j’ai été témoin ces derniers mois de l’incroyable travail que représente la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, et d’extérieur, je ne voyais clairement que la partie émergée de l’iceberg. Peu de personnes réalisent je crois la dureté du combat mené pour la reconnaissance de ce qui devrait être normal, simple et évident : que la littérature jeunesse soit considérée comme une littérature comme les autres, sur les plans culturel et social.

 

Par mes choix récents et revendiqués, comme la représentation par un agent littéraire, ma professionnalisation dans son ensemble, mes conditions se sont améliorées. C’est dans ce moment-là que se joue un choix crucial : continuer sa route seule, avec ses acquis, ou bien partager et soutenir les autres auteurs. Pour aller jusqu’au bout de la démarche, me voici donc à votre service. Une démarche qui s’inscrit dans la continuité de mon travail d’information via ma chaîne Youtube, qui a pour vocation de montrer les coulisses du métier d’auteur avec réalisme. Car tous, nous sommes dans le même bateau. Nous nous connaissons ou non, nous avons nos affinités et nos divergences, mais nous pouvons être ensemble.

 

Un éditeur est une entreprise, et un individu seul face à une entreprise est plus fragile, vulnérable, et d’autant plus lorsqu’il vient apporter une œuvre qui fut en gestation en lui. Pour un auteur, supporter ce rapport de force individuellement, en se sentant isolé, est très difficile. Mais nous ne sommes pas seuls. Rien qu’à la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, nous sommes 1300.

 

Tous ensemble, nous poursuivrons les chantiers en cours et allons en amorcer de nouveaux. Alors chers adhérents, chers auteurs et illustrateurs jeunesse, n’hésitez pas à nous écrire, à remonter vos besoins, vos questionnements : la Charte est là pour vous.

 

Aujourd’hui, par cette lettre et ce relais qui se crée, je lance un appel aux éditeurs. Nous devons dialoguer. Nous devons nous comprendre. La colère des auteurs et illustrateurs jeunesse monte, et cette colère doit être entendue. Nous sommes dans un monde mouvant, en changement. Le fait que le différentiel de traitement auteur adulte et jeunesse soit dans les usages n’est pas une réponse. Notre société évolue, les prises de conscience ont lieu, le rapport auteur-éditeur évolue également, de façon inévitable. La réponse que nous attendons est la suivante : nous sommes prêts à vous écouter, et à trouver des solutions.

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